The Honourable Woman

Dernier focus du jour sur la nouveauté diffusée par Canal ce soir. Cette mini-série britannique (BBC Two) de 8 épisodes nous plonge dans l'univers de la famille Stein. De nombreuses années après le meurtre de son père sous ses yeux, Nessa Stein est à la tête de l'entreprise familiale, dont le moteur est le développement des réseaux, et plus particulièrement d'internet. Jusque là rien de très banal me direz-vous..

L'histoire devient tout de suite plus intéressante lorsqu'on sait que l'entreprise Stein est notamment en charge de ces réseaux dans la zone israélo-palestienne. D'ailleurs, une chose est certaine: si ce thème, les rivalités qu'il engendre et le traitement du conflit ne vous intéresse pas, alors cette série n'est pas pour vous. Au contraire, si vous vous doutez des conséquences que cela implique, que les implications politiques, humaines et familiales vous donnent envie d'en savoir plus, alors cette série va vous plaire.

Atout supplémentaire, la série démarre au moment où Nessa apprend sa nomination à la chambre des Lords (d'ou le titre de la série) pour son implication et son oeuvre au proche-orient (difficile de trouver une manière simple et adéquate de décrire ça quand vous allez voir ce qui suit). Dès lors, chaque rencontre, chaque sujet, chaque discussion revet une importance particulière. Plus encore, lorsqu'elle offre le contrat censé poursuivre le developpement d'internet à un palestinien qu'elle estime, celui-ci est retrouvé mort dans sa chambre d'hotel. S'en suit alors une remise en question totale de l'ensemble de l'histoire.

En effet, entre la nationalité du mort, sa proximité de Nessa et les interets des uns et des autres pour le contrat qu'il avait gagné, la piste initiale du suicide prend vite du plomb dans l'aile. Dès lors, chacun se sentant menacé, l'enquete sur cette mort va avancer pour mener chaque personnage - que ce soit Nessa, son frère (incarné par Mark de Broadchurch - excellent une nouvelle fois) ou les figures du MI6, le renseignement britannique (aussi joués par d'excellents acteurs) - à relever ses secrets, ses mystères jusqu'aux révélations finales sur les diverses responsabilités des uns et des autres.

Parmi tout ce petit monde, l'image de l'Honourable Woman - cette femme élue à la chambre des Lords, engagée pour le bien de la communauté, d'apparence forte, determinée et intègre, va peu à peu se désagréger et montrer un tout autre visage, beaucoup moins "honourable" cette fois. Comme le dit l'expression, tout est bon pour parvenir à ses fins...

Dans le rôle de Nessa, Maggie Gyllenhal - saluée par la critique et recompensée sur son rôle - est à la fois très convaincante, frustrante et enervante à la fois. Si elle colle parfaitement au rôle de cette businesswoman qui sait où elle va, ce qu'elle veut et comment y parvenir, il reste cette petite excentricité inutile dans certaines situations, des incohérences toutes simples qui rallongent l'épisode et l'intrigue pour peu de choses (elle arrive par exemple à courir plus vite pieds nus qu'un homme de 80 kg en costard avec des plans assez ridicules, tout ça pour ne pas réussir ce qu'elle tente) et du coup l'ensemble reste convaincant sans devenir exceptionnel. Les critiques dithyrambiques sur la série sont essentiellement basées sur le fait qu'elle traite du sujet israélo-palestinien d'une manière bien précise et moins pour un scénario qui peut parfois lasser (messieurs les scénaristes, les flashbacks pendant les épisodes c'est usant..). Légère critique aussi sur la promotion faite par Canal+, qui mélange tout est rien en diffusant des extraits peu cohérents et qui ne reflètent pas forcément ce qu'est l'histoire dans les grandes lignes, risquant de faire décrocher des gens (comme ce fut mon cas sur le decevant/trop lent bureau des légendes en mai).

Pour conclure, je dirais qu'il faut voir The Honourable Woman, ne serait-ce que parce qu'une nouvelle fois, la qualité des productions de la BBC est au rendez-vous. Les acteurs sont tous très bons et chacun apporte sa pierre à l'édifice. Le mystère s'appaissit d'un coté pour s'éclairer de l'autre - qualité rare de nos jours. Et puis comme chaque mini-série qui se respecte vraiment, la conclusion est à la hauteur de nos attentes et ne laisse place qu'à peu de frustration.