Utopia
Cette semaine est l'occasion idéale d'aller se plonger dans le monde mystérieux d'Utopia. Si Channel 4 diffuse le dernier épisode de la saison 2 ce soir, Canal+ commence à diffuser cette semaine la première saison. Au départ, cette série britannique devait sortir sous la forme d'une minisérie, mais devant le succès considérable de la saison 1, l'aventure est prolongée pour notre plus grand plaisir.
Lorsqu'on parle de séries britanniques, on évoque souvent le talent inégalable de nos voisins d'outre-manche pour les séries au format particulier (épisodes de 50 minutes, 6 à 8 épisodes et généralement une seule saison). Dans ce domaine, Utopia est en passe de devenir LA référence absolue, loin devant Misfits, Broadchurch et autres Inside Men - citer la liste une liste exhaustive des séries britanniques à voir absolument serait beaucoup trop long.
Utopia se déroule à notre époque et nous fait découvrir la vie de 5 anglais, tous fans de comics, qui ont pour point commun un intérêt particulier pour un livre aussi bien mystérieux qu'à la valeur inestimable, le 2e tome d'Utopia. L'un d'eux est en sa possession et le pitch de départ est la rencontre de ces 5 anglais, dans un bar, pour partager la lecture de ce fameux livre. Le problème est qu'une organisation secrète - The Network - est prete à tout pour mettre la main sur et ouvrage. Dès lors, une poursuite effreinée, mélée de terreur, de violence, de rebondissements incessants se met en place sur les 6 épisodes de la première saison, le tout ponctué par une question aussi mystérieuse que le contenu d'Utopia "Où est Jessica Hyde?"...
Si le succès d'Utopia est immédiat, c'est que le téléspectateur est plongé en un instant au coeur de cette quête, notamment au cours du premier épisode qui est selon moi un modèle du genre. En effet, le pilote nous envoie dans un univers décalé, dérangeant, sans scrupule, où chacun lutte déjà pour sa survie sans même savoir pourquoi il est attaqué. Mais c'est tellement bien fait qu'on se laisse guider, minute après minute, et par la suite épisode par épisode, dans l'univers d'Utopia. Chaque épisode révèle une nouvelle facette de l'histoire et nous permet de recomposer un puzzle bien plus complexe qu'il n'y parait.
La série aurait pu se terminer à la fin de la première saison: on sait ce qu'il advient de chaque personnage, du livre et de The Network (mais ce sera à vous de le découvrir). En tout cas, pas de cliffhanger insoutenable au terme de ces 6 premiers épisodes. Il en est de même pour la 2e saison: un nouvel arc s'ouvre, plonge le téléspectateur dans un aspect d'Utopia qui n'avait pas été envisagé jusque là et le scénario fournit une fin cohérente à l'histoire, satifaisant ainsi la curiosité du téléspectateur et évitant le rajout inutile de mystères comme on a pu le voir dans certaines séries, le meilleur exemple étant Lost. Chaque saison est addictive à sa manière, et comme les scénaristes ont eu l'intelligence de faire vite avancer l'intrigue tout en révélant peu à peu l'importance du manuscrit d'Utopia, l'ensemble est une franche réussite.
Seul risque pour Utopia, développer le syndrome Misfits. En effet, il ne faudra pas faire trop de saisons ni ouvrir trop de choses car Utopia a un contenu spécifique, The Network a un but particulier et même si la mode actuelle fait que les scénaristes tentent de surfer à fond sur la vague du succès, en faire trop risquerait de tuer la série. Pour terminer, il ne faut pas oublier non plus qu'une série reste dans l'histoire comme une série mythique ou à oublier en fonction de sa conclusion et il faut vraiment espérer qu'Utopie sorte par la grande porte, car ses deux premières (et uniques? à confirmer) saisons sont tout simplement des chefs d'oeuvres...
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